Suite à l'article paru dans Actu Santé le 21 mai 2013, écrit par P. Bernanose, D. de publication, avec la collaboration de P. Pérochon, diététicien-nutrionniste et coordinateur éditorial, nous aimerions revenir sur ce qui a été écrit, notamment parce qu'est repris la conclusion d'une étude de la London School of Hygiene and Tropical Medicine parue récemment dans le British Medical Journal (BMJ) - lire : http://www.santelog.com/news/sante-de-l-enfant/co-sleeping-5-fois-plus-de-risque-de-mort-subite-du-nourrisson_10464_lirelasuite.htm#lirelasuite ![]() Bien sûr en France, sur environ 400 cas de SMSN par an (Syndrôme de la Mort Subite du Nourrisson), seul 3% ont lieu dans le lit des parents, pour causes diverses (drogues, alcool, etc.), cependant c'est oublier aussi tous les facteurs inconnus ou antécédents connus (bronchites, asthmes, méningites, etc.), parfois à cause du non allaitement justement... Mais, arrêtons surtout de stigmatiser chacun par peur ou ignorance à la base. Il faudrait d'abord savoir qui a financé cette étude rétrospective de 5 études provenant de différents pays et menées de 1987 à 2003, donc à une époque où les taux de SMSN, notamment en France, avoisinnaient plutôt les 2 000 morts par an, principalement à cause de la position des nouveau-nés... sur le ventre. Après les années 2000, les recommandations ayant changées les taux de MSN ont donc considérablement chutés pour passer de 1 pour 2000 naissance (50% en moins) et c'est tant mieux ! Alors que de leur côté "Vennemann et al constataient, dans une étude publiée en 2009, que le non allaitement doublait le risque de mort inexpliqué du nourrisson. Et en 2010, Blair et al soulignait l'importance du co-sommeil pour la poursuite de l'allaitement."* Alors pourquoi, aujourd'hui en 2013, ressortir à nouveau ce sujet brulant si ce n'est visiblement dans un but non avoué de nuire plus ou moins directement à l'allaitement à la demande de nuit et donc de jour ! En tout cas, dans l'article d'Actu Santé le discours est très clair là-dessus : allaiter mesdames dans votre lit oui, mais dormir avec bébé, non ! Pas simple à mettre en pratique, n'est-ce pas ! ![]() Très clair aussi le fait que régulièrement sort ce type de discours alarmistes dans les médias pour "mettre en garde les parents", mais les mettre en garde de quoi exactement ? De la pratique "dangeureuse" du cododo, sommeil partagé ou co-sleeping en anglais, puisque visiblement cette pratique est avantout... internationnale. Certes, ce genre de discours recevra chaque fois un écho favorable auprès des professionnels de santé comme de la population trop facilement inquiète, très inquiète même sur ce sujet brulant de la MSN ! Tant il est vrai également qu'il n'est pas simple non plus pour les jeunes parents de gérer les fréquents réveils de leur nouveau-né alors que leur propre besoin de sommeil s'accumul au fur et à mesure que les semaines, mois, (années parfois) passent. C'est malheureusement un passage plus ou moins obligé de la fonction de parent, et même si on s'en doute un peu avant de le devenir, chaque fois le fait de le vivre au quotidien reste toujours une épreuve difficile, certes formatrice et très instructrice sur nos propres limites ainsi que sur la solidarité et la solidité du couple, mais toujours très difficile à vivre. Surtout dans nos pays occidentaux, où nos peurs et croyances ancestrales et culturelles nous orientent trop souvent vers des actes raisonnés souvent en désaccords avec nos premières impulsions et sentiments instinctifs de protection de nos petits. Pourtant, depuis l'aube de l'humanité, nos ancètres ont toujours dormi avec leurs progénitures durant plusieurs années, et les ont donc allaités très longtemps et souvent. Partout dans le monde, là où les familles (clan, tribu, etc.) ne possèdent pas une pièce attribuée à chaque personne, les hommes, les femmes dorment, ronflent, s'agitent et parfois même s'accouplent discrètement pas loin de leurs enfants ; même parfois pas loin de leurs propres parents, grand-parents, oncles, tantes, etc. Pas besoin d'écrire une thèse là-dessus, ni de demander surtout l'avis des partisans de Freud ou Lacan aux concepts psychanalytiques très stéréotypés "petits blancs"... Nos ethnologues et anthropologues ont su garder, eux, une vision plus ouverte et tolérante vis à vis des différences entre les peuples. De même, dans les régions où les femmes gardent encore un lien charnel très étroit avec leurs enfants : les portent, les massent, les allaitent jour et nuit et dorment donc également avec eux, parfois dans le même lit pour plus de commodités, tout cela se fait le plus "naturellement" du monde - ou "culturellement" du monde. Alors que nous, occidentaux, nous ne savont plus, la plupart du temps, ni les porter correctement, ni les masser quotidiennement, ni les allaiter facilement et surtout pas plus de quelques jours, semaines ou mois à cause d'idées reçues et de règles trop strictes au lieu d'être à leur écoute pour assouvir leur faim et leur soif, de nourritures comme de boissons, câlins, chaleurs, mouvements, échanges verbaux, tactiles, affectifs, etc. Et nous voudrions encore donner aux autres des recommandations de bonne santé et de bonnes pratiques de sécurité sanitaire ou d'éducation, alors que nos enfants souvent plus capricieux et obèses que mals malnutris, sont bourrés dès l'enfance de jouets et d'antibiothiques ou autres médicaments aux effets secondaires néfastes, sont sujets de plus en plus souvent, également à cause de notre pollution croissante, à de nombreux maux ou maladies chroniques fragilisant leurs systèmes immunitaires immatures, parfois leurs capacités psychomotrices ou cognitives (autisme, hyperactivité, etc.). Car, nos enfants occidentaux ont de plus en plus souvent et précocément des infections chroniques digestives et respiratoires, des allergies, eczéma, coliques... comme plus tard des problèmes de concentration ou d'intégration sociale, etc. Donc, ils peuvent avoir l'air à priori en meilleure santé et plus heureux que les autres, car mieux soignés et nourris certes, mais le sont-ils vraiment dans le fond ? En résumé, nous sommes assez mal placés pour faire la morale et porter des jugements un peu hâtifs vis à vis de pratiques ancestrales comme le "sommeil partagé" parce que nous ne le pratiquons pas nous-même. Encore une vision très éthnocentriste et égocentriste des gens bien pensant des pays dit "développés" vis-à-vis de ceux dit "en voie de développement", mais surtout centrée sur leur propre perception du monde, du Bien et du Mal. Lorsqu'on voit où mène justement notre développement et la sur-consommation, parfois on ferait mieux de se taire, d'apprendre et d'écouter "Dame nature" plutôt que de chercher à la dominer constamment. Voilà pourquoi, nous préfèrons encore financer des études très coûteuses sur quelques rares cas de MSN dans le lit parental plutôt que d'agir réellement sur les vrais problèmes sociaux et environnementaux que rencontre actuellement l'Occident comme l'Orient ou l'Afrique maintenant grâce à nous... Car, il sera toujours plus facile de financer le curatif qui rapporte plus d'argent aux grosses multinationales plutôt que de faire du préventif qui, a priori, n'en rapporte pas et donc n'intéresse personne... sauf quelques illuminé(e)s évidemment ! Alors, n'en déplaise à tous ces pseudo spécialistes, épidémiologistes et professeurs dîplomés d'universités qui perdent leurs temps et parfois notre argent à faire des études rétrospectives ou randomisées contrôlées à plus ou moins large spectre (mais à la vue d'ensemble plutôt étroite), les chiffres ne resteront que des chiffres auxquelles ont peut plus ou moins faire dire n'importe quoi sur n'importe quel sujet, et dont nos bébés se moquent complètement ainsi que leurs parents lorsqu'ils ne dorment pas...
Enfin pour conclure, il ne s'agit pas ici de tout avaler, ni de tout rejeter en bloc de ce que nous propose notre société qui n'est ni meilleure, ni pire qu'une autre. En fait, c'est à chaque couple d'organiser leur nid et couchage au mieux pour EUX ! En fonction de leurs propres désirs et contraintes d'espace, mais surtout SANS PEURS et SANS INFLUENCES NUISIBLES de qui que ce soit (famille, amis, collègues, professionnels, etc.). La mère reste d'abord et en priorité la seule qui sait ce qui est bon pour elle et son enfant et lorsqu'elle s'écoute réellement elle finit toujours par trouver d'elle-même quand et comment faire au mieux pour bien dormir avec puis sans lui. Stéphanie KELLER Présidente de DLB (ancienne enseignante reconvertie heureusement dans l'accompagnement des familles depuis 10 ans) *Dossier de l'allaitement, LLL France; N°93, p 27 (Oct 2012) et d'autres articles encore, mais pas l'envie ni le temps de chercher :-) |