La "grossesse" ou gestation humaine

Dans l'Association Dans Les Bras nous n'aimons pas trop parler de l'*État de Grossesse" : terme qui reflète chez la femme enceinte l'image assez péjorative d'être "grosse", "difforme" donc "moche"... En tout cas pas dans l'état le plus avantageux pour elles durant cette longue période de gestation de 9 mois. Et pourtant on voit bien ici au travers de ces magnifiques photos que ce n'est pas forcément le cas pour tout le monde non plus ! Même si être "grosse" ou déjà un peu ou beaucoup "enrobée" en dehors de la "grossesse" ne signifie nullement être "moche" et encore moins difforme" et peu très bien convenir à certaines femmes jugées trop "maigres" voir "squelettiques" ou au contraire en "surpoids" ou "obèses" selon certain.e.s ou bien plutôt "volupteuses" et "plantureuses" selon d'autres. Sachant que pour les hommes et pères au contraire cela peut tout à fait leur plaîre et convenir alors qu'à d'autres pas du tout ! C'est au cas par cas, encore une fois... Cependant chacun devrait s'abstenir du moindre commentaires négatifs ici car il s'agit sinon de remarques subjectives très superficielles et blessantes pouvant même être qualifiées de sexistes et/ou d'injurieuses ; même de la part de personnes en apparence bienveillantes comme des professionnels de santé ou de sa propres familles, d'amis, de collègues, etc. - voir Grossophobie sur Wikipédia ou encore sur les articles 225-1 à 225-4 du Code Pénal français. 

Alors que cette métamorphose rapide, quasi brutale en quelques mois, du corps des femelles humaines vivipares en "gestation" (du latin "gestatio" : "mission de porter un enfant" dérivé de "gestare" : "porter"), perturbent énormement les futures mères qui ne se reconnaissent plus alors qu'elles "portent simplement en elles la Vie lors d'un passage tout à fait naturel et normal de leur propre vie de femme et mère, et même on peut le dire d'un acte initiatique et spirituel très puissant. Et pourtant quelque part c'est un peu comme si, n'étant plus uniquement "seule" à l'intérieur d'elles-mêmes mais au moins deux, trois ou plus (gémellarité, triplés, etc.) leur utérus et ce "gros" ventre qui les enveloppe alors ne leur appartiennaient déjà plus ! 

D'ailleurs, le mot "enceinte" (du latin "incincta" participe passé du verbe "incingere" : "entourer") est un adjectif qualifiant les femmes gestantes présent depuis le XIIème siècle les comparant au fameux "mur d'enceinte" ; c'est à dire reprenant des terminologies militaires et guerrières (type forteresse, rempart entourant une cité...) qui veulent tout dire déjà ! Ainsi au travers du sens des mots/maux on voit que le corps des mères devient immédiatement un enjeu de société et même de guerres et de multiples baitailles en tous cas pour le "corps social". Pourtant les termes de "grossesse" et "d'enceinte" sont plutôt des qualificatifs modernes du "corps féminin" utilisés souvent par le "corps médical" lui-même quand auparavant les familles et matrones parlaient, elles, plutôt de "gestation" et d'"enfantement". Mais c'était avant la médicalisation des "grosse-sses" et "ac-couche-ments" qui s'amplifièrent au XXème siècle et la "sur-médicalisation" voir même "industrialisation des naissances" au XXIème.

 - Choisir votre lieu de naissance :
Bien choisir votre lieu de naissance, certes en fonction de votre suivi médicale, mais surtout en fonction de votre projet de naissance à écrire dés les premiers mois de votre grossesse. Que ce soit à domicile ou à l'hôpital en France ou encore en maison de naissance à l'étranger, le plus important étant déjà d'être pleinement en accord avec vos choix et désirs sur la meilleure façon pour vous de vivre ce moment magique. Si possible auprès de gens en qui vous avez pleinement confiance, afin de vous y sentir bien avant tout, écouter et en sécurité. Et ensuite sachez imposer fermement votre choix, voir en changer si besoin !

- Privilégier un suivi médicale et physiologique avec une sage-femme :
Choisir une votre sage-femme libérale pour un suivi global et personnalisé, qui pourra vous accompagner avant (lors de grossesse non pathologique, ou pour la préparation à l'accouchement), peut-être aussi pendant si accès à un plateau technique à l'hôpital, en "salle nature", en maison de naissance ou en cas d'Accouchement A Domicile (AAD), mais aussi après la naissance de votre enfant en cas de retour précoce ou d'Hospitalisation à Domicile (HAD, autorisé 2h après la délivrance, et de suivi post-partum à domicile... Les frais médicaux liés à la naissance étant remboursé durant 12 jours par la Sécurité Sociale, notamment pour la mise en route et le suivi de l'allaitement à domicile, et également pour la rééducation périnéale ensuite, etc.

- Prévoir un spécialiste en cas de suivi pathologique et examens gynécologiques :
Choisir votre gynécologue-obstétricien au cas où votre état de gestation devrait recevoir un suivi médical adapté en cas de grossesse pathologique ou gémellaire, naissance prévue par siège ou césarienne, ou encore pour les échographies régulières à l'hôpital public ou en clinique privée ; à moins de les faire avec un échographiste dans un laboratoire privé. Attention dès le départ à être bien en accord avec le professionnel choisi sur la date prévue du "terme". Car cela aura une importance cruciale en cas de dépassement et de risque de déclenchement.

- Prévenir vos autres partenaires médicaux :
Choisir votre médecin généraliste si vous préférez et que vous vous sentez plus à l'aise avec lors de vos suivis ou en post-partum pour vous et l'enfant, plutôt qu'un gynécologue (chirurgien obstétricien). Sachant qu'il existe aussi des radiesthésistes privés dans les laboratoires de ville voir même des acupuncteurs, sophrologues, hypnotiseurs ou autres "méthodes alternatives" à la douleur que des anesthésistes même privés.  Se renseigner alors auprès de votre médecin sur les formalités nécessaires si vous avez choisi de rentrer plus tôt de la maternité en cas de "retour précoce" (HAD). Appelez le rapidement dès la maternité, ainsi que votre sage-femme libérale pour prendre rendez-vous avec eux, pour le suivi en post-partum et les divers examens obligatoires du 8ème jour, test du Gutri et autres. Le mieux étant quand même de voir auparavant avec eux s'ils acceptent de se déplacer à votre domicile en post-partum précoce, afin de ne pas trop perturber bébé, sa prise de poids et surtout la mise en route de votre allaitement comme de votre sommeil...

- Contacter le Centre Médico-social :
Rencontrer avant la naissance, la sage-femme de PMI, le médecin ou la puéricultrice du secteur de votre Centre Médicosocial afin de prévoir, peut-être (uniquement si vous le sentez), des visites régulières pour vous et votre enfant, à votre domicile au minimum durant le 1er premier mois. Sachant, on ne le répètera jamais assez, que ce devrait toujours être autrui qui se déplace pour visiter mère et enfant et non l'inverse, surtout les 6 premières semaines, en ne les obligeant pas à prendre la voiture et trainer dans les hôpitaux ou cabinet médicaux. On s'étonne ensuite en France qu'il y ai autant de complications en post-partum, d'échec d'allaitement et sevrage brutale, de pertes de poids bébé, gastro mère-enfant ou maladies respiratoires, nosocomiales, etc.  

- Rencontrer une doula ou une "accompagnante à la naissance" : Il s'agit ici de précieuses personnes qui ne remplaceront JAMAIS personne, mais viendront plutôt rajouter leurs compétences et expériences de mère et de femme, avec écoute et empathie. Elles pourront même, au besoin, vous servir de soutien psychologique et affectif, d'intermédiaire ou d'aide ponctuelle pour vous et votre bébé, mais aussi pour vos autres enfants, informer et soutenir au passage également le nouveau papa comme vos proches (mamies, papis, etc.). En bref, il s'agit de se faire accompagner professionnellement par une autre femme qui viendra "materner la mère pour qu'elle puisse à son tour materner l'enfant". Le meilleur cadeau de naissance qui soit au final !

- Obtenir une aide à domicile, même ponctuelle :
Se renseigner auprès d'organismes d'aide à domicile (ménage, transport, école, courses, etc.) dès le 2ème enfant ou en cas de gestation de multiples, de naissances rapprochées ou de familles nombreuses, en cas de césarienne programmée, d’handicaps ou de pathologies invalidantes, etc. Bien se renseigner à l'avance pour obtenir quelques heures de ménage par semaine, dont une partie pourra même être remboursée ensuite soit par votre CAF, soit par votre mutuelle. 

- Organiser le soutien actif de votre entourage :
Informer vos proches (conjoint, famille, amis, voisins, collègues, etc.) de vos besoins, choix et désirs après l'arrivée de bébé à la maison ; afin qu'ils sachent tous ce qu'ils pourront faire techniquement pour vous aider, ou ne pas faire justement ; comme par exemple donner un biberon ou une tétine à bébé pour le calmer, dire ou éviter de dire des choses blessantes en période de baby blues, etc. mais plutôt vous soutenir dans vos choix et vous aider au quotidien de façon pratique comme les repas, linge, courses, ménages, gardes des autres enfants, etc.

- Chercher le maximums d'informations variées sur la grossesse, la naissance ET l'allaitement :
Commencer le plus tôt possible à lire des livres et magazines sur le maternage proximal (voir Bibliographie), sur la physiologie de la naissance ET de l'allaitement, sur le portage en tissu souple et sur le massage-bébé, sur l'hygiène, l'éducation consciente ou l'alimentation saine, etc. Si possible, suivre quelques cours/conférences durant la période de gestation et d'enfantement ou même avant, rencontrer d'autres parents dans les associations locales, échanger vos doutes et inquiétudes sur les forums de discussion, etc. Il n'est jamais trop tôt pour commencer à apprendre et échanger sur ces sujets, jamais trop tard non plus !

- Prévoir le matériel et trousseau de naissance nécessaire :
Enfin, et seulement à la fin de la "grossesse", prévoir tranquillement le matériel nécessaire à l'arrivée du ou des futurs bébés pour la naissance comme votre retour à la maison. En sachant qu'une chambre spéciale n'est pas toujours indispensable au départ, ni un lit séparé ou une poussette-landau "dernier cri", et encore moins un chauffe-biberon ou stérilisateur, etc. Vos bras suffiront largement en fait ! Au pire les autres s'en chargeront pour vous si besoin ou vous les prêteront (location ou achat d'occasion, dons, etc.). Peut-être juste prévoir d'avance pour avoir le temps de bien choisir un bon porte-bébé souple et physiologique, une peau de mouton douce, chaude et étanche où y lover et changer bébé, de la layette bien chaude pour bébé selon la saison (les gigoteuses on vous en offrira plein !), quelques couches lavables pré-lavées à n'utiliser qu'après le 1er mois, dans un sac à langer étanche, et pour vous : plusieurs soutien-gorges d'allaitement et vêtements de nuit confortables, quelques serviettes hygiéniques lavables (jetables aussi pour le 1er mois), des coussinets d'allaitement idem et C'EST TOUT ! Pas besoin d'acheter non plus tout le matériel de puériculture moderne qui ne serviront peut-être jamais et surtout vous sépareront plus souvent de votre enfant qu'ils ne vous en rapprocheront (= "maternage distal"). Au besoin, récupérer ou chiner jouets et livres bébé autour de vous... un beau geste écologique en plus !

Finalement, votre enfant n'ayant besoin que de votre chaleur, votre odeur, votre lait et votre amour.

- Prévoir tout de même quelques cours de portage et/ou massage bébé AVANT l'arrivée de bébé(s) :
Déjà parce qu'ensuite clairement vous n'aurez plus le temps de le faire les premiers mois ou semaines, et cela si possible avec la présence utile et rassurante du père et/ou grand-mère (si elle est appaisante et ouverte sinon oubliez !), afin de prendre ensuite le relais occasionnellement, surtout si vous avez choisi d'allaiter longtemps. En effet, il est très important d'impliquer le plus tôt et souvent possible au moins le futur papa qui a certainement aussi besoin d'exprimer avant la naissance ses propres besoins, angoisses ou légitimes questions sur son rôle crucial ici en tant que "mâle protecteur" et non "tiers séparateur" (comme leur bourrent le crâne les psy freudiens ou autres). Mais surtout afin qu'il développe ensuite davantage de contacts charnels bienveillants et liens d'attachement forts avec son/ses enfant.s du fait même qu'il le.s aura res-senti.s et materné.s tout petit.  Et évidemment, comme naturellement et biologiquement, ce n'est absolument pas son rôle de base que de le.s nourrir surtout au biberon (ni trop tôt cad pas avant les 2 premiers mois), ni en journée, ni toutes les nuits (ne révez pas non plus sur les changes nocturnes !), il faut bien trouver comment les impliquer autrement et il existe des tas d'autres possibilités que le bain & soins d'hygiène lors du maternage proximal, plutôt que distal, sans affecter non plus son sommeil (surtout s'il travaille tôt), ni son sentiment de virilité, jalousie ou d'utilité...