Syndicat des Sages Femmes pour l'Accouchement à Domicile

Date de publication : Sep 03, 2015 2:10:55 PM

Syndicat des Sages Femmes pour l'Accouchement à Domicile (AAD)

Lettre ouverte de Marie-Line Pérarnaud, sage-femme radié avec plusieurs autres pour avoir oser braver leur Ordre des Sage-Femmes et Ministrère de la santé qui oeurent de concert par tous les moyens plus ou moins légaux et pressions physiques et psychologiques (dont nous avons été témoin à l'association) depuis des années avec les Ordres des Médecins & chirurgiens, des Infirmiers & co pour faire disparaître l'AAD (Accouchement à Domicile) en France comme en Europe. Alors qu'il n'y pas plus (voir même beaucoup moins en réalité) de mortalité maternel ou infantile & maladies nosacomiales ou autres en donnant naissance chez soi que dans un hôpital ou clinique recevant d'autres malades avec de multiples pathologies et épidémies plus ou moins graves. Mais quand un drame arrive dans un établissement public ou privé, personne n'en fera un scandale, ni n'alertera immédiatement les médias et saisira la justice, on mènera d'abord une enquête approfondie et la majorité du temps même aucun soignant (ou très rarement et quand plusieurs autres dysfonctionnements auront été observés ou plaintes déposées auparavant) ne sera incuplé. Quand aux assurances, vu que ce sont les structures et donc les usagers qui les financent cela ne coûtera rien directement à un médecin, chirurgien, infirmière ou sage-femme travaillant comme salariés dedans. 

Par contre si jamais il arrive quoi que se soit à la mère ou à l'enfant, alors soit la famille ou les proches et même l'Ordre lui-même ou le procureur pourront se retourner contre la pauvre sage-femme indépendante dans son cabinet libéral. C'est pareil pour un médecin pratiquant dans un cabinet en ville ou campagne ! Voilà aussi pourquoi de moins en moins de sage-femmes osent encore se lancer dans l'accompagnement global et le suivi à domicile même avant, pendant ou après... Par peur des représailles en cas de soucis ; ce qui peut évidemment arrivé même à la meilleure et plus consciencieuse d'entre elles, vu statistiquement le nombre de patientes, bébés et soins qu'elles peuvent réaliser chaque année... et pas seulement pour des accouchements à domicle. 

C'est pourquoi si nous ne nous mobilisons pas suffisamment et n'y prenons pas garde, bientôt comme dans de nombreux autres pays européens ou autres, il n'existera tout simplement plus du tout de sage-femmes mais juste des infirmières ayant reçues une rapide formation en maïeutique ; ce qui, évidemment, n'est absolument pas pareil !

Voilà pourquoi, que vous soyez personnellement POUR ou CONTRE l'AAD (Accouchement A Domicile) ce n'est pas la question, c'est comme pour l'Instruction en Famille IEF) ou autres choix "hors norme" dans notre société : à chacun.e SES choix et droits de vivre où et comme bon lui semble à partir du moment où on reste prudent.e, informé.e et surtout bien entouré.e et accompagné.e... et c'est en cela qu'il est fondamemental de permettre de conserver ce droit là à de nombreuses familles en France.

"Les enjeux de la violence obstétricale portent sur la femme enceinte, ses droits à la santé, ses droits humains mais sont aussi indissociables de la survie de la profession de sage-femme.

Nous sommes 5 sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile radiées dans le grand sud de la France. Nous sommes rayées de la vie sociale, nous n’existons plus pour la société, le téléphone ne sonne plus, nous n’avons plus de revenus, et pour celles d’entre nous qui sont cheffes de famille célibataires avec enfants, c’est un drame !

Notre reconversion professionnelle est illusoire pas seulement en raison de notre formation très spécialisée mais aussi en raison de notre âge : plus de 50 ans pour certaines. Nous n’avons pas droit aux allocations chômage, nous pouvons demander le RSA et ceci selon les revenus du couple.

Cette précarité totale se rajoute au traumatisme de notre radiation

La radiation est cruelle de part sa brutalité : 3 mois pour régler les formalités de cessation de l’activité libérale, plus expéditive encore pour l’une d’entre nous où l’arrêt immédiat de l’activité a été imposée le jour même de l’assignation.  Elle est cruelle de par son illégalité : les procédures des Chambres Disciplinaires ne respectent pas nos droits fondamentaux de défense et les décisions de sanction ultime sont prises par des collègues sages-femmes dont la formation en droit est aussi inexistante que la notre ; seule une information de quelques heures est prévue pour les nouvelles élues au Conseil départemental de l’Ordre.

La disparition des sages-femmes expérimentées existe partout dans le monde. Elle est voulue, organisée et sert l’intérêt de certains qui ne nous trouvent pas assez malléables ou dociles.

La profession de sage-femme est grignotée depuis des décennies par d’autres professionnels qui s’approprient une à une nos compétences : les infirmières, les puéricultrices, les pédiatres, les kinésithérapeutes, et maintenant les doulas, les éducatrices prénatales, les naturopathes en périnatalité, les conseillères en parentalité, les professeurs de gymnastique, les professeurs de yoga, de chant, et j’en oublie ! S’ils peuvent être complémentaires pour certains, d’autres s’accaparent sans vergogne un bout de notre domaine tout à tour : qui une préparation à l’accouchement, qui un examen de nouveau-né, qui une rééducation du périnée, qui les accouchements.

Mais surtout, ce que cette fragmentation amène c’est la négation d’un savoir faire, d’une connaissance. Est compétente une sage-femme qui a suivi de nombreuses mères pendant la grossesse et l’accouchement et le post-natal. Le suivi global est le critère garant d’une sécurité assurée pour la femme et son bébé et d’une cohérence dans le suivi médical pour la sage-femme : cette vue d’ensemble facilite la prise de bonne décision (en cas de nécessité) dans une relation de confiance réciproque. Cette globalité nourrit aussi la confiance professionnelle de la sage-femme qui va se sentir, de fait, compétente devant les obstétriciens.

Cette compétence liée à l’expérience de terrain est une menace pour ceux pour qui l’incohérence constitue le fondement de leur commerce. Supprimer les sages-femmes traditionnelles et les remparts autour de la femme qui accouche tombent. Tous « les corbeaux » vont s’agiter autour d’elle et donner leur avis selon leur point de vue forcément parcellaire. Plus de globalité ! La loi du plus fort l’emportera !

Cet art de la pratique des accouchements est en train de mourir et seules les sages-femmes elles-mêmes peuvent crier au monde pourquoi il est vital que cet art soit préservé.

Alors, nous avons besoin de médiatiser notre mise à mort, nous avons besoin de médias intelligents et courageux pour alerter, dénoncer ces abus, nommer la violence obstétricale subie par les sages-femmes, les femmes et leurs enfants."

Marie-Line Pérarnaud
Jeudi 3 septembre 2015
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