Le sevrage

La délicate question du sevrage de l'enfant allaité

Parfois ce sont les sujets les plus évident qui nous échappent le plus ! On n'a mis longtemps pour écrire cet article sur le sevrage des enfants. C'est vrai que ce n'est pas toujours LA question facile à poser dans un groupe de soutien à l'allaitement. Bon nombre de parents hésiteront même à contacter les associations, spécialistes ou professionnels de santé pour aborder le sujet, un peu gênés ou hésitants... C'est bien dommage, car dans tout les cas le manque d'information ET de soutien pour le sevrage peut aboutir à de vrais traumatismes autant chez les parents que chez l'enfant ! 

C'est pourquoi nous allons vous aider à y voir plus clair déjà. Car même si vous allaitez encore et n'avez pas l'intention de sevrer maintenant votre bébé, lisez pourtant ce long article afin d'être averti de ce qu'il ne faut justement pas faire durant votre allaitement.

Il faut reconnaître que, comme en amour, on préfère plutôt parler du début que de la fin d'une belle histoire. C'est normal aussi ! Mais, est-ce réellement la FIN de nourriture liquide ou FAIM de nourriture solide ? Et puis, il y a toujours un certaine incertitude quand au "bon moment" et aux sentiments ambivalents des mères et des pères au moment d'un sevrage. Évidemment, plus l'enfant est petit, plus on pourra se demander si ce sevrage est vraiment choisi et non imposé par un enchaînement de circonstances inhabituels ou par autrui : l'entourage familial, amical, professionnel ou médical, voir par la mère ou l'enfant lui-même ? Dans ce dernier cas, il peut être bon alors de "creuser" un peu d'abord le "pourquoi" bébé refuse brusquement et précocement le sein maternel. 

Cependant lorsqu'il s'agit d'un bambin qui cavale et montre de lui-même des signes d'éloignement durant plusieurs jours de suite ou que la mère déclare avec conviction que : "Là ça suffit, maintenant, j'en ai marre de l'allaiter !" Alors, on pourra se dire que c'est peut-être le bon moment d'aborder cette délicate et essentielle question du sevrage.

A quel moment, période ou âge, est-ce le mieux pour sevrer un enfant ?

Déjà, il n'y a pas de BON moment pour le faire. Imaginer un moment idéal pour sevrer un enfant est une douce utopie ! Qu'on l'avait initialement prévu avant ou après la reprise du travail, les vacances, un déménagement, une maladie, lorsque bébé aura des dents, mangera seul ou marchera, est techniquement irréaliste ! Imaginer un jour idéal un bambin venant vers vous la bouche remplie de gâteaux, ou autre, avec un "veut plus téter, maman", n'existe pas ! Enfin, à ma connaissance... En tout cas, jamais vu, ni entendu depuis toutes ces années que je côtoie des mères allaitantes...

Ainsi, l'idéalisation du sevrage fait partie de toutes les utopies qui bercent joyeusement l'univers de la parentalité : comme la première fois où il fera sa première nuit, son premier sourire, sa première dent, son premier repas, etc. Parfois cela arrive vite, c'est vrai, et parfois, non ! Là dessus non plus il n'y a pas de standard ou de règles à suivre, car nos cigognes alsaciennes ne nous livrent pas le "colis bébé" avec le mode d'emploi... et malheureusement pour l'allaitement et le sevrage c'est pareil :)

Alors, comme pour le reste, il faudra aussi improviser. Faire preuve de patience et surtout de persévérance ! Si cela ne fonctionne pas ou n'arrive pas au "moment idéal" ou à "l'âge idéal", selon nous ou vos proches, il vaudra peut-être mieux le reporter à plus tard et apprendre à s'adapter au temps, à l'espace, au caractère de l'enfant, comme à vos sentiments fluctuants... et ambivalents.

"Trop tôt", c'est souvent quand la mère et l'enfant n'étaient pas réellement prêts à vivre cela : pas comme ça, pas si vite ! On l'appelle alors "sevrage brutal" ou "précoce". Brutal, car même s'il a pu prendre plusieurs jours ou semaines, ni la mère, ni l'enfant ne le voulaient vraiment. Alors, comment savoir si c'est bien un sevrage brutal ou "par consentement mutuel" ? Après tout, la mère pourrait normalement mieux le dire que l'enfant... et encore ! Les sentiments humains, et surtout maternels, sont si contradictoires parfois qu'elle peut ne plus trop savoir, d'un jour à l'autre, ce qu'elle voulait vraiment dans le fond. A vrai dire, ses désirs seront surtout fluctuants en fonction de son état de fatigue, de santé et bien-être physique comme psychologique. D'où l'impact primordial du père et de l'entourage dans le choix ou l'induction vers le sevrage. 

Voilà pourquoi, dans les associations de maternage et même auprès des professionnels de santé et de la petite enfance, on a appris à se méfier des influences néfastes comme des sentiments contradictoires des jeunes mères qui peuvent passer du "rires aux larmes" : d'un ''j'en peux plus, je veux tout stopper" à un "c'est merveilleux l'allaitement, d'être maman, etc. !" Parfois, on ne sais plus à quel "sein" se vouer, n'est-ce pas ! Ni non plus s'il est très judicieux d'aborder à cet instant précis la question du sevrage, alors que peut-être ce n'est qu'une mauvaise passe et qu'avec un peu d'aide, de soutien et quelques "bons"conseils" le cap sera franchi ? Là encore, on marche sur un fil... avec des pincettes d'ailleurs !

Pour avoir subit moi-même avec un bébé de 9 mois un premier "sevrage brutal", je sais la souffrance que cela suscite ensuite ! Et 9 mois, je sais que "c'est déjà bien", mais je ne m'étais pourtant pas préparée à son refus brutal du sein, dû à l'introduction précoce de biberons d'eau après 6 mois sur un réflexe d'éjection trop fort (REF), puis 2 "sevrages naturels" ensuite (après 2 ans et demi et 3 ans et demi, donc plus "longs"), cela n'a évidemment rien à voir ! Car, même s'il est toujours difficile de dire définitivement adieu à son lait, plus l'enfant est petit, plus c'est difficile de le, et se, sevrer avec lui... D'autant que souvent les soucis de santé pour l'enfant, et parfois même pour la mère, ne tardent pas à arriver ensuite, entraînant inévitablement un sentiment maternel d'impuissance et de culpabilité. Si ceux-ci ne sont pas amplifiés par des réflexions et jugements négatifs des proches, la blessure guérira plus vite et la culpabilité s’atténuera avec le temps. Même si elle revient pourtant de temps en temps à la vue d'un bébé allaité plus âgé. Mais on apprend à vivre avec ses "échecs" autant qu'avec ses "réussites" ! Pourtant, on n'échoue JAMAIS à avoir au moins essayer d'allaiter son enfant, mais malheureusement d'avoir dû le sevrer trop brutalement, même malgré nous...

"Trop tard", c'est souvent lorsque l'enfant est plus grand que la norme sociale habituelle ou vision familiale, amicale ou professionnelle et que la mère sent que son enfant peut physiquement se passer d'elle. Qu'il n'a plus vraiment besoin d'elle pour se nourrir, mais que pour des raisons diverses en fonction de l'âge, de leur relation et besoins affectifs ou autres, celui-ci s'accroche "encore à ses jupons", ou à son "giron" plutôt ici !

C'est exactement la même chose que lorsque les parents ou l'entourage s’exclament : "Alors, quand va-t-il ENFIN manger ou boire seul, ce petit ? Quand descendra-t-il des bras ou de ce porte-bébé ? Quand sera-t-il propre ? Quand lâchera-t-il sa tétine, son biberon ou son pouce ?" Et surtout : "Mais quand est-ce qu'il va ENFIN dormir tout seul dans son lit ?" D'ailleurs, souvent cette dernière question est liée étroitement à celle de l'allaitement. Tellement d'ailleurs, que la plupart des parents sont convaincus qu'arrêter l'allaitement fera dormir ensuite par miracle l'enfant. Ce qui est totalement faux et sans fondement statistique, en fait ! Un ancien pédiatre m'a dit un jour avec un brin d'ironie cynique : "Soyez donc contente qu'elle s'attache ainsi à vous ! Dans quelques années, vous vous plaindrez du contraire !" Comme il avait raison !

Cependant, si malgré l'âge précoce ou avancé de l'enfant, on constate que la mère n'est pas sous influence, ni de son conjoint, ni de ses proches ou de professionnels mal informés. Si elle ne sèvre pas bébé parce qu'elle souffre ou est trop fatiguée pour réfléchir correctement, ou qu'elle manque cruellement de soutiens et d'informations justes, mais réellement parce qu'elle a choisi volontairement de sevrer son enfant, alors il est de notre devoir de l'aider. D'abord, pour respecter SON choix et non NOS convictions personnelles, et ensuite pour éviter qu'elle ou l'enfant n'en souffre trop et que cela n'affecte plus tard leurs relations ou même sa vision positive de l'allaitement.

Souvent l'image non culturel et habituelle en France du "bambin scotché non stop au néné de sa maman" fait peur, alors qu'il n'y a qu'à regarder simplement autour de vous pour constater que c'est un fantasme plutôt rare. Certes les "allaitements intensifs et longs" existent un peu partout à travers le monde, mais dans des pays où l'allaitement est la norme déjà et où cela ne choque absolument personne. En Occident, c'est encore plus rare et la plupart des femmes qui le pratiquent doivent plutôt se cacher pour pouvoir allaiter leurs grands enfants, par choix, par devoir ou obligation également. Parfois, il peut exister aussi un "allaitement symbolique", lorsqu'un enfant plus grand tète juste pour le plaisir, sans recevoir non plus beaucoup de lait maternel puisqu'il est depuis longtemps diversifié. S'il s'agit d'un nourrisson, généralement la diversification trop précoce conduit rapidement au sevrage totale. Au delà de 1 ou même 2-3 ans, selon les cas, c'est moins fréquent. Même s'il faut préciser tout de même qu'à cet âge-là le lait est toujours, voir encore plus nourrissant, consistant et adapté à l'âge de l'enfant. Mais, c'est à nouveau à chacun(e) de voir ce qui lui correspond sans pression, ni jugement ! Dans un sens comme dans l'autre, on demande le respect de nos choix.

Alors, qu'est-ce qu'un véritable "sevrage naturel" ? Et est-ce que cela existe vraiment déjà ? On s'en sait toujours rien, en réalité, car même si le sevrage fut réellement désiré et attendu et qu'il ne fut pas forcément suivi de larmes, cris ou hurlements, chaque fois on l'a quand même plus ou moins induit au bon moment, en mettant simplement en place une série d'actes et de paroles qui ont fini par convaincre l'enfant que maman ne souhaitait plus lui donner désormais la tétée. Et puis nous lui donnons aussi davantage à manger et à boire autre chose que notre lait maternel et ça cela joue également dans son propre désintérêt progressif de nos nénés. Ainsi, comme pour installer le sommeil nocturne et solitaire, nous agissons de telle façon que nos messages corporels ou vocaux soient de plus en plus clairs pour lui ; comme pour le conjoint et l'entourage d'ailleurs. Ainsi, un jour, on se sent enfin prête à s'éloigner davantage de son petit, de nuit comme de jour. 

Mais, lui, l'était-il pour autant, réellement prêt ? Honnêtement !? Que ce soit à 1 mois, 1 ans, 3 ans ou plus, un enfant est-il réellement prêt à quitter totalement le giron maternel ? C'est une bonne question qui dépend aussi beaucoup de la personnalité et relation parent-enfant. Les premières années de sa vie, l'enfant ressent encore souvent le besoin d'y retourner de temps en temps pour s'y attacher et s'y endormir autant que pour s'y nourrir. Par contre, pour la mère, il arrive toujours un moment, propre à chacune, où son "infini patience et abnégation" arrive à son extrême limite. Mais, si pour le sommeil, l'enfant pourra encore faire de temps en temps des allées et retours entre son lit et le lit conjugal, pour l'allaitement, il est plus rare qu'il en soit longtemps de même. En quelques jours ou semaines, le lait maternel se tarira et il faudra bien se résoudre, de part et d'autre, à faire son deuil, définitivement !

Après, il faut tout de même garder à l'esprit que ceci n'est qu'une des nombreuses étapes nécessaires à sa maturité et à son développement et qu'il existe aussi bien d'autres méthodes de maternage proximal pour poursuivre les liens d'attachement et fameux "continum", notamment grâce au portage quotidien ou au massage des enfants et adolescents.

Pour que cette transition ne soit pas trop brutale, ni pour la mère, ni pour l'enfant, il faudra en premier lieu que le sevrage soit PLEINEMENT désiré, au moins par l'un des deux : mère ou enfant. Le plus souvent ce sera par la mère, parfois par l'enfant, mais surtout consciemment désiré. Cela peut sembler être simple à priori, mais cela ne l'est pas, en réalité. Pas du tout ! Car, aux pulsions complexes du maternage doit également s'associer la volonté consciente du sevrage et de la fin d'une étape importante de nos vies.

Donc si vous subissez une quelconque pression physique ou psychologique pour sevrer votre bébé, alors cela ne pourra pas se passer en douceur. L'enfant qui, telle une éponge absorbe tous vos sentiments, ressentira la moindre hésitation, le moindre doute et, comme durant toute la suite de son éducation, s'y engouffrera allègrement. Ainsi, soit il refusera ce sevrage non désiré et hurlera d'abord tout son saoul pour avoir le sacro sein maternel, puis épuisé finira bien par céder un jour ou une nuit, soit il obéira rapidement, se soumettant à votre toute puissance et autorité maternel ou paternel, mais vous le fera "payer" plus tard ! Pas forcément consciemment d'ailleurs, mais inconsciemment plutôt. Ce peut être en tombant malade, en refusant brusquement de s'alimenter ou de dormir seul, en refusant d'aller chez la nounou ou à l'école, en (re)faisant caca partout ou pipi au lit, en attaquant son petit ou grand frère ou sœur, en mordant, frappant, hurlant après d'autres enfants ou jouets, ou même en vous tapant dessus. Faire preuve encore de patience et lui parler aussi de ce que vous ressentez sans céder pour autant à sa légitime frustration. 

En résumé, nos sentiments comme nos règles peuvent, et devraient même, être clairement expliqués à nos enfants et ados plus jeunes et immatures, qui mettront évidemment du temps à intégrer toute la complexité des sentiments humains comme nos règles sociales. Pourtant, ces règles ne doivent pas pour autant se transformer en limites qui auront, alors, comme principal objectif de réduire sa volonté et nier sa liberté d'action et d'expression. Car, règles et limites sont très différents en matière éducation.  

Comment faire techniquement pour diminuer lentement la lactation ?

Sachez que le sevrage brutal, surtout avant 1 mois, peut devenir encore plus traumatisant pour la mère et l'enfant lorsqu'il s'associe à la prise de médicaments aux effets secondaires reconnus pour "couper le lait maternel" ; comme par exemple la bromocriptine ou encore la prise de pilules contraceptives à base d’œstrogènes et parfois même de progestérones. Cependant, après le 1er palier de croissance des 3 semaines, souvent cela ne s'avère plus nécessaire et il suffit juste de les remplacer par des biberons pour voir sa lactation se tarir rapidement. C’est pourquoi, il vaut toujours mieux se laisser au moins 15 jours à 3 semaines minimum pour sevrer lentement un enfant.

Il faut surtout savoir qu'après le 1er mois post-partum, il n'est alors plus forcément nécessaire d'avoir recours aux médicaments pour diminuer progressivement la lactation, mais qu'il suffit souvent de ne plus donner qu'un seul sein et d’espacer les tétées de plusieurs heures, donner des biberons et tétines-totoches ou autres substituts pour faire tarir le lait maternel. Alors que pour l'augmenter, à l'inverse, il faudra plutôt donner les deux seins plus souvent et rapprocher les tétées jour et nuit. Logique, non ? 

Ce qui l'est moins, par contre, pour la plupart des cartésiennes que nous sommes, c'est que le volume des seins ne donne absolument aucune information sur la quantité de lait qui y sera produit. Même si la plupart savent qu'on peut tout à fait avoir une petite poitrine et produire beaucoup de lait maternel ou une grosse poitrine et produire très peu de lait, il n'en reste pas moins que nous sommes socialement conditionnés à penser l'inverse ! Si vous voulez vraiment avoir un bon indicateur : observer plutôt ses couches et pipis-cacas dedans sur 24h. Cela vous donnera un bien meilleure idée de ce que bébé boit réellement, sauf s'il boit de l'eau ou mange déjà autre chose évidemment ! 

1. Espacer les tétées la nuit et le jour

Donc, lorsqu'une jeune mère commencera volontairement à espacer les tétées de son nourrisson, croyant sûrement bien faire et pensant que ses seins se "rempliront" davantage pour la tétée suivante, c'est en fait le contraire qui se produira : bébé obtiendra de moins en moins de lait ! Car, en résumé, votre cerveau comme votre corps s'adaptent toujours à la demande de l'enfant et "commande antérieure de lait"

En fait, plus vos seins sont stimulés de façons rapprochées et fréquentes (succions efficaces de bébé, massages et expressions manuelles ou pompage via tire-lait manuel ou électrique) et plus le sang rouge affluera pour se transformer en précieux liquide blanchâtre (ou presque) et sera ensuite resservi directement à bébé, ou de façon retardée. En résumé, l'enfant passe "sa commande de lait" (sucres, vitamines complexes, graisses, eau et enzymes, sels minéraux et oligoéléments, bactéries, anticorps, gènes, etc.) pour dire s'il a faim ou soif en grosses ou petites quantités. S'il "vide" ou plutôt stimule bien les deux seins maternels, c'est qu'il a forcément très faim puisqu'ils finissent plus souples au final, alors que s'il ne les stimulent pas suffisamment et qu'ils restent fermes ou durs (avant, pendant voir même après une tétée), c'est qu'il y a trop de lait dedans encore donc de sang et qu'il faudra réduire ensuite le flux aux tétées suivantes. Logique !

En résumé, plus votre poitrine est engorgée souvent, moins vous aurez une production stable et optimale. Trop de variations pourront même entraîner une faible lactation, voir un sevrage brutal, si elle reste gonflée durant plusieurs jours d'affilés. Généralement, avant 1 an, il faudra autour de 2 semaines aux seins pour stopper ce processus et arrêter de produire du lait. Par contre, après 1 an, cela peut mettre un peu plus de temps (ou moins), toujours en fonction de la fréquence des tétées de l'enfant sur 24h. En réalité, après la phase de lactation automatique ou "autocrine", et changements hormonaux survenant autour des 9-10 mois, les fuites de lait et variations de volumes des seins diminuent. La mère reprend alors souvent sa taille de bonnet initiale ; en fonction de sa prise ou perte brutale de poids durant la grossesse et l'allaitement comme du nombre d'engorgements qui ont pu distendre ou pas sa peau. Car, l'affaissement parfois brutal aussi des seins n'est pas dû exclusivement à l'allaitement, mais plus souvent à la grossesse et à une mauvaise conduite de l'allaitement.

2. Un seul sein à chaque fois, avec un repas ou biberon de substitution

Ne plus donner qu'un seul sein à chaque tétée, si vous ne l'avez pas déjà fait vers 3 semaines post-partum pour harmoniser et stabiliser votre production. Car, si les femmes ont effectivement 2 seins de prévu pour l'allaitement, le second devrait plutôt servir théoriquement de "réserve" en cas de besoins inopinés ou fréquents de bébé pour boire ou manger, notamment le soir, lors des paliers de croissance ou en sorties, etc. Malgré la pensée commune, un seul sein suffit souvent pour satisfaire 1 seul enfant, alors que 2 seins suffisent le plus souvent pour satisfaire des jumeaux ou même des enfants d'âges rapprochés en co-allaitement. 

De même, espacer une tétée de plus en plus souvent aura pour effet de réduire la lactation. Surtout si l'enfant boit ou mange autre chose à table, voir même en dehors ; du moins le temps du sevrage. Mais, si vous avez déjà eu de nombreux engorgements, puis les seins de plus en plus souples, avec un bébé qui prend davantage de lait industriel au biberon-Tétine, ainsi qu'une totoche et peut-être même une Téterelle ou un Tire-lait (les 4 T), qu'il refuse de plus en plus souvent le sein, etc. C’est probablement que vous avez déjà un production de lait maternel qui ralentit.

De même, vous pouvez également introduire une tasse ou un biberon d’eau, tisane ou boisson sans sucre pour couper sa faim et surtout éviter la déshydratation, surtout l'été ou durant les repas, ou enfin remplacer une tétée par un produit laitier (si votre enfant le tolère), du lait industriel dit "infantile" (et non "maternisé") s'il en a encore besoin, ou un autre aliment solide (surtout après 6 mois), etc... Essayez, alors, plutôt de démarrer en milieu de journée ou de soirée pour ne pas trop risquer d'engorgements nocturnes, puis à midi ou en fin de matinée, et enlever la première du matin puis la dernière du soir (s'il y en a une dernière avant le dodo). Essayez peut-être également de sevrer d'abord l'enfant la nuit et ensuite le jour. Cependant, l'inverse est également possible ! Il n'y a évidemment pas de règles strictes à suivre. 

Mais, toujours garder un rythme de 2 ou 3 jours minimum pour enlever une tétée et laisser aux seins le temps de s’habituer et afin de ne pas trop souffrir d’engorgements douloureux non plus ! Il faut donc prévoir un minimum de 2 à 3 semaines pour sevrer complètement un bébé ou plus longtemps encore pour un sevrage plus lent et surtout moins angoissant pour tous.

3. Reprise d'une contraception 

Il est important de savoir qu’au-delà de 4 heures d'absence de stimulations mammaires le jour et 6 heures la nuit (selon la M.A.M.A de l'OMS/UNICEF : Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée), il y a un vrai risque d’ovulation et surtout après le 56ème jour. Donc, si vos règles n’étaient pas attendues, ni prévues par la mère, il peut y avoir un risque réel de retour de couches et de règles parfois douloureuses et désagréables, voir même d'une autre fécondation en cas de rapports sexuels durant la période de sevrage qui démarre dès l'introduction d'une tétine, biberon, tétine, lait ou aliment... En fait, tout cela peut entraîner un bouleversement physique et hormonal important, accompagné souvent d'un début de sevrage (fin d'un allaitement exclusif au sein) d'une grande fatigue (dû aux changements hormonaux comme aux pertes de sang), donc parfois aussi à moins de lait maternel également durant les premiers jours de règles, avec souvent de l’irritabilité chez la mère comme chez l’enfant. 

Attention également, certaines pilules ou implant contraceptif, même faiblement pourvu de progestérone, peuvent avoir un impact significatif sur la production de lait maternel, chez certaines femmes sensibles. Cependant, si bébé continue de téter malgré tout, normalement, les hormones maternelles de la lactation (prolactine et ocytocine) finiront par prendre le dessus sur celles féminines de la nidation (œstrogène et progestérone). Le taux d'hormones maternelles finira donc par remonter et se stabiliser dans les 2-3 jours qui suivent. Cela ne signifie pas pour autant que durant ce court laps de temps, bébé n'aura pas eu assez à manger, juste qu'il y aura eu un important changement hormonal auquel il devra apprendre désormais à s'adapter. D'ailleurs, ceci peut également arriver si la mère ne souhaite pas sevrer complètement son enfant, mais se trouve de plus en plus souvent séparé de lui en journée ou la nuit, ou encore si bébé passe un "palier ou pic de croissance" (autour de 3 et 6 semaines, 1 mois et demi, 3 mois et 6 mois, 9 et 12 mois, etc.) qui accompagnent généralement une rapide prise de poids, avec un changement notable de ses selles et urines, associé à une période d'attachement plus intense durant quelques jours.

4. Tirer votre lait

Aussi surprenant que cela puisse paraître pour de nombreuses personnes, l'utilisation précoce et fréquente d'un tire-lait manuel ou électrique peut également aboutir à plus ou moins long terme à un sevrage brutale, planifié ou partiel de l'enfant. Car, l'utilisation d'un tel appareil n'a rien de "naturel" pour le corps humain et le processus complexe de lactation peut en être profondément perturbé. 

C'est un peu comme si vous nourrissiez deux enfants, des jumeaux par exemple, avec un plus glouton que l'autre... La bonne conduite d'un allaitement, c'est pourtant ni trop, ni trop peu de lait ! Mais, juste ce qui faut pour votre ou vos enfant(s)... Donc, si vous avez fréquemment des fuites de lait (très abondantes au delà de 3-4 mois), des engorgements à répétition, la sensation constante d'augmentation ou diminution brusque de votre lait, alors c'est probablement que vous avez déjà introduit un des 4 T nuisibles aux Tétées : Tétine, Totoche, Téterelle ou Tire-lait. 

Si votre objectif est bien le sevrage, alors continuer à rajouter d'autres Tétines de biberon, totoche pour le soulager à la place du sein, Téterelle ou coupelle si vous souffrez (sorte de pansement ou coquille en silicone en cas de crevasses, durant 2-3 jours mais pas plus), ou tire-lait manuel pour exprimer un seul sein ou un tire-lait électrique pour exprimer les deux et obtenir davantage de lait à donner ensuite à bébé, conserver au congélateur pour vos sorties ou congeler pour plus tard. Lors de la transition volontaire, vers un sevrage totale, le fait de tirer plus souvent et longtemps son propre lait peut alors être une solution efficace et transitoire, le temps de faire accepter à l'enfant un autre lait infantile et animal (vache, chèvre, jument, etc.), aliment (légumes, viandes, poissons, œufs, etc.) et boisson (eau, tisane, jus, etc.).

5. La diversification alimentaire

Enfin, pour mieux espacer les tétées : donner autre chose à manger et à boire à l'enfant, la nuit comme le jour. Évidemment, l'introduction précoce de nourritures liquides ou solides, comme de biberons de lait industriels en poudre dilué avec de l'eau, aura comme principal effet de remplir davantage l'estomac de l'enfant (tel le plâtre qui se dilate), et ainsi d'apaiser plus rapidement sa faim ou sa soif. Cela, bien évidemment, en fonction des quantités avalées 4 à 6 ou 8 fois par jour selon son appétit : matin, midi et soir. Attention cependant, à nouveau, aux risques d'engorgements et mastites (inflammation et fièvre...) et autres effets secondaires désagréables si vous (ou lui) allez trop vite. C'est pourquoi il vaut toujours mieux réduire lentement la lactation maternel en augmentant progressivement ses substituts lors de la diversification alimentaire après 6 ou 9 mois. 

Car, comme à ce moment là, la production lactée est mieux installée, elle s'adaptera mieux également à ce nouveau régime alimentaire, avec notamment un changement significatif de la flore intestinale, des selles et des urines différentes (odeur, couleur, fréquence et consistance). 

En fait, plus l'introduction des aliments liquides, semi-liquides puis semi-solides et solides aura été progressive, plus la transition se fera "en douceur" et moins cela aura d'impact sur la production de lait maternel. Donc, pour obtenir l'inverse, il suffira juste d'introduire vite et souvent davantage d'aliments. Voilà pourquoi, on ne peut pas diversifier un bébé allaité exclusivement de la même façon qu'un enfant nourrit principalement avec du lait industriel standardisé qui réclame, lui, généralement l'introduction plus rapide d'autres goûts, textures et saveurs.   

Quoi qu'il en soit, durant cette délicate période de sevrage, ne perdez pas pour autant le contact physique avec l'enfant. Par exemple, donner lui ses premiers repas d'abord sur vos genoux, dos contre vendre, plutôt que sur une chaise haute en face à face, porter le plus longtemps pour le bercer, le calmer, lui parler et ainsi le rassurer, promener le plus longtemps pour le faire patienter entre les repas, jouer avec lui pour l'occuper, masser le pour l'aider à mieux digérer durant cette difficile période de transition, etc. De plus, si une tierce personne (papa, mamie, amie, voisine, aide à domicile, etc.) peut également vous aider, ce sera plus simple aussi, émotionnellement comme physiquement pour tout le monde.

6. La reprise du travail ou l'éloignement régulier

De la même manière, tout ce qui pourra séparer physiquement et longtemps la mère de l'enfant, aura comme effet de réduire la lactation. Cependant, le fait de tirer votre lait la journée et la nuit pourra vous aider à traverser plus en douceur cette délicate période de transition. Donc, si la mère désire plutôt un "sevrage partiel" avant la reprise de son travail, il ne sera pas nécessaire de commencer à tirer son lait plus de 15 jours avant la fin de son congé de maternité avec un tire-lait électrique double pompes (pour s'entrainer et faire un petit stock de départ) ou 3 semaines avec un tire-lait manuel - voir l'article sur le L'allaitement & le travail. 

Dans ce cas, on ne parlera plus alors de "sevrage planifié" mais bien d'adaptation de la production lactée à un "allaitement mixte", pour offrir à l'enfant sur 24 heures autant de lait maternel qu'un autre aliment, liquide ou solide. Mais dès que l'un supplantera l'autre, alors il est fort probable que le lait finira par se tarir "seul".  Donc, à nouveau, la fréquence de vos engorgements seront vos alertes pour augmenter ou espacer le nombre et la durée des tétées ou le nombre et la durée de vos séances d'expression manuelle ou électrique des deux seins.

Rappel des 4 principaux types de sevrage : 

- sevrage brutal : Lorsque la mère a dû pour diverses raisons sevrer son ou ses enfant(s) de façon rapide et précoce, sans s'être préparer physiquement et mentalement son bébé ou lorsque celui-ci commencé à refuser systématiquement le sein en hurlant à chaque tétée (refus du sein, confusion sein/tétine, mastite et autres problèmes de santé).

- sevrage planifié : Lorsque la mère a choisi pour raisons personnelles de sevrer consciemment, et de façon lente et planifiée, à sevrer progressivement son enfant jusqu'à la diminution complète de sa production lactée.

- sevrage partiel : Lorsque la mère a commencé à introduire un ou plusieurs aliments solides ou liquides, avant ou après 6 mois, comme substituts du lait maternel, mais arrive tout de même à équilibrer sur la journée la quantité de lait maternel, de lait industriel et d'aliments reçus par l'enfant (moitié/moitié).  

- sevrage naturel : Lorsque l'enfant arrête naturellement de téter le sein maternel, progressivement et de lui-même, sans cris, ni pleurs et avec le consentement de sa mère et de son père.

En conclusion

Si vous réalisez à la lecture de tout cela que vous ne désirez pas VRAIMENT sevrer maintenant votre enfant, surtout RÉSISTER ! Clamer haut et fort que "l'OMS préconise l'allaitement exclusif durant 6 mois, puis 2 ans OU PLUS avec alimentation solide", et qu'il n'y a donc pas le feu au lac, que vous souhaitez continuer encore un peu et finirez bien par le faire le jour où vous et bébé l'aurez réellement choisi. Comme pour le reste, il n'existe donc pas de bonnes ou de moins méthodes pour allaiter puis sevrer un enfant. C'est à vous d'être créative et d'en inventer en fonction de votre histoire personnelle.

Par contre, si vous réalisez que vous désirez vraiment sevrer maintenant votre enfant, surtout faites-le ! Et ne vous laissez pas influencer par les réflexions de votre entourage ou d'autres mamans là-dessus. C'est votre choix, votre corps et votre droit ! Et l'enfant aussi le comprendra en temps voulu, car vous saurez alors trouver les mots justes pour le lui faire comprendre en douceur et lui faire découvrir, avec autant de plaisir que vous avez eu à l'allaiter, d'autres marques de tendresse et de saveurs.

Autres informations

Lisez également cet excellent article sur les limites et le sevrage aussi : http://www.isabellesalomon.fr/sommeil-bebes-allaites-comment-poser-limites/