L'hygiène naturelle infantile

Qu'est-ce que l'Hygiène Naturelle Infantile (HNI) ? 

J'ai longtemps hésité avant de démarrer cet article sachant ce sujet tellement sensible et potentiellement "choquant" pour les français non habituées comme les africains ou asiatiques à voir et encore moins à pratiquer l'hygiène naturelle avec les enfants. Et pourtant, comme pour l'allaitement long, le portage intensif ou le massage bébé quotidien, la pratique ancestrale de ce qu'on nomme aujourd'hui en Occident l'Hygiène Naturelle Infantile restent heureusement toujours utilisée à travers le Monde ; ce qui n'a donc rien d'innovant ! 

Cependant, nos yeux de parents occidentaux n'ont jamais eu l'habitude ni de voir, ni même de croiser des enfants sans couches et encore moins de pratiquer soi-même l'hygiène naturelle avec un petit bébé ! Ceci peut donc pour certain être assez "choquant, et pour d'autres absolument pas, selon leurs cultures, habitudes, propres éducations, lieux de résidence, etc.

Pourtant il ne s'agit pas de confondre l'Hygiène Naturelle Infantile qui démarre dans les jours ou semaines après la naissance avec l'apprentissage actuel à la manière occidentale, nommé alors Acquisition de la Propreté, qui démarre lui souvent après 18-24 mois. Cela n'a RIEN à voir, en fait ! Déjà parce qu'il ne s'agit pas de réapprendre ou de dresser un enfant à faire ses besoins à heures fixes, dans certains lieux et conditions bien précises, avec parfois même récompenses à la clé, punitions ou techniques de manipulations plus ou moins subtiles et surtout efficaces. Certes, cela se pratiquait surtout "dans l'ancien temps de nos mères ou grand-mères", mais reste encore malheureusement toujours employé par certains parents voir éducateurs autoritaires ! 

En réalité, il s'agit plutôt ici de suivre le rythme biologique du nourrisson en lui permettant déjà d'uriner et de déféquer à volonté, lorsqu'il en ressent lui-même d'abord le besoin naturel, sans se et nous souiller non plus ! Car, un bébé est naturellement "propre" dès sa naissance. En réalité, il est plus compétent qu'on ne le pense tous et est tout à fait capable de contrôler alors ses sphincters à volonté en contractant ou relâchant ses muscles réflexes lorsqu'il le décide pour évacuer ses selles et urines quand il souhaite le faire et non quand nous voulons qu'il le fasse. Capacités qu'il perdra inévitablement avec le temps (surtout après 3 ou 6 mois) si nous ne répondons pas rapidement à ses pleurs, grognements et autres signaux subtiles qu'ils nous envoient dès les premiers jours pour nous signifier ses besoins pressant d'élimination (comme ceux d'alimentation d'ailleurs pas toujours facile à décoder au départ). Malheureusement comme nous méconnaissons ou ignorons cela alors il se fait dessus et prendre ensuite de plus en plus souvent l'habitude de le faire. 

Alors, attention il ne s'agit nullement encore de culpabiliser personne ici, puisque la plupart des gens ignore cela (même nos pédiatres) et donc que personne ne nous a appris ni à reconnaître ses signaux subtiles, ni à écouter nos propres besoins intimes comme ceux de nos enfants ! Il s'agit juste de comprendre que comme n'importe quel être vivant, humain comme animal, nos bébés expriment volontiers et à temps leurs besoins primaires et que nous pouvons donc choisir d'y répondre ou pas parce que nous pouvons et voulons le faire à ce moment là, ou encore de ne pas y répondre car nous ne voulons ou le pouvons pas à ce moment là !   

Quand et où pratiquer l'hygiène naturelle infantile ?

 Déjà le terme même d'hygiène naturelle provient d'Occident et, à ma connaissance, principalement du Canada (2001). Il est apparu en France au début du XXIème, d'abord avec le petit livre pratique de Sandrine Monrochet-Zaffarano (éditions Jouvence, 2005), et plus précisément dans le magnifique livre méthodologique d'Ingrid BAUER, Sans couches, c’est la liberté ! A la redécouverte de l’hygiène naturelle du bébé, (éditions L’Instant Présent, 2006), puis d'autres sont arrivés ensuite comme celui très pédagogique de Carine PHUNG, Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches (ou presque) ! (éditions Le Souffle d'Or, 2009). 

Cependant, ce terme n'apparaît nul part ni en Orient ou Moyen-Orient, ni en Afrique, ni ailleurs... où cela se pratique justement tout naturellement, depuis plusieurs générations, et davantage dans les campagnes les plus reculées ou dans les villages et moins dans les grandes villes ou capitales, où l'impact des habitudes occidentales se fait davantage ressentir. Cependant dans la plus part des régions "pauvres et froides", les parents emmaillotent certes encore souvent et longtemps leurs enfants (parfois trop), ou utilisent des langes ou vieux tissus, feuilles, écorces ou autres pour tapisser leurs berceaux ou couffins, mais dans beaucoup d'autres régions "plus chaudes", les bébés sont laissés nus ou quasi-nus, sans couche. Parfois, ils sont juste portés ainsi dans un pagne, un filet ou une liane, sans souiller pour autant celui ou celle qui le porte durant des heures.

Parfois, ils portent des vêtements larges ou fendus, adaptés aux mouvements d'un enfant assis ou debout et qui permettent également aux adultes ou autres grands enfants de l'aider plus rapidement à déféquer ou uriner sans se souiller tout le temps (ici un grand-père chinois, extrait de Bébé du Monde, de Fontanel et Harcourt, éditions de la Martinière, 2006). Souvent, il existe dans chaque demeure un espace ou ustensiles (calebasse, bol, seau, pot, etc.) où on recueille volontiers les excréments des petits et pas toujours sur l'herbe ou le sol nu comme on pourrait le croire à priori (car tapis, nattes, coussins, etc.). Il existe de nombreuses positions pratiques pour cela : garder bébé dans le creux d'un bras un bol calé sous lui, ventre contre les jambes nues d'un adulte, dos contre nous genoux fléchis pour faciliter l'évacuation des selles, pets, rots, etc. Cependant, comme toutes pratiques ancestrales, celle-ci tend à disparaître avec l'arrivée du monde moderne. Ainsi, de même que pour les poussettes, là où se développent les routes et les trottoirs, le portage disparaît, là où se développent les supermarchés avec leurs lots de boites de lait industriel en poudre et de couches jetables "modernes" disparaît également l'allaitement maternel et l'hygiène naturelle. Mais comment définir ce qui pour certains est de l'ordre du banal et du traditionnel, alors que d'autres l'envisagent plutôt désormais comme exceptionnel, ringard ou totalement "novateur" ? Questions de cultures et de points de vue, encore une fois ! 

Pourquoi et comment pratiquer l'hygiène naturelle infantile ?

Ce qu'apprend avant tout l'Hygiène Naturelle Infantile (HNI), apprend le lâcher prise, car avec l'expérience certains jours nous décodons parfaitement les signaux de bébé et parfois non, c'est ainsi ! Sans se mettre, ni leur mettre de pressions, nous devons rester à son écoute autant qu'à la notre. Le plus important restant finalement l'instant partagé même durant peu de temps ou de plus moments. 

Ce sont de tels moments intenses d'échanges gratifiants et de communications subtiles avec notre enfant, petit-frère ou sœur, petit fils ou fille, qu'on apprend autant sur nous-même que sur lui/elle. Sans compter que cela facilite énormément sa digestion avant, pendant ou après les tétées et donc l'allaitement et son sommeil ; notamment en cas de Réflexe d’Éjection trop Fort (REF), surabondance de lait ou Reflux Gastro-Œsophagien (RGO), allergies ou coliques du nourrisson, constipation, etc. Fléaux des pays industrialisés, mais quasi inconnus des pays non industrialisés, étonnant !

Alors, peut-être que l'HNI revient ici à point nommé à notre époque et plutôt auprès de parents sensibilisés au retour au naturel, au développement durable, à l'alimentation bio et aux produits sains, locaux et simples comme aux actions collectives et associatives, etc. ? Afin de prendre également le contre-pied d'une époque moderne hyper industrialisée, hyper-consumériste, médiatique et surtout très individualiste ? Peut-être que ces deux courants de pensées et d'agir, qui d'ailleurs opposent régulièrement les familles et amis, pourraient être symbolisés par l'image d’Épinal du bébé à tétine/biberon et couche culotte d'un côté (lavables ou jetables) avec celle du bébé accroché au sein maternel nu et sans couche de l'autre !? Très caricaturale mais pas si loin non plus d'une certaine forme de réalité et de deux visions radicalement opposées de l'enfant et de la maternité ! Cependant au milieu de cela, du Blanc et du Noir, existe toute un panel de gris et de couleurs avec lesquels la plupart d'entre nous composons notre propre tableau familial. 

Ainsi, peut-on démarrer un temps l'allaitement, le portage ou le massage pour un premier enfant puis passer à autre chose de plus conventionnel, selon les normes de notre pays, pour y revenir ensuite pour un second ou troisième enfant ; ou l'inverse ! De même, on peut tout à fait démarrer l'hygiène naturelle avec un bébé sans couche (ou presque) quelques heures, jours, semaines, mois ou années puis arrêter totalement ou partiellement pour telle ou telle raison et le reprendre plus tard lors de l'apprentissage conventionnel de la propreté. Surtout qu'on ne pratique pas de la même façon l'HNI l'été ou l'hiver, dedans ou dehors, la nuit ou le jour. Rien n'est jamais figé pour toujours, si on connait quelques bonnes pistes pour démarrer et surtout les mauvais pièges où ne pas tomber ! C'est pourquoi, je vous renvoie vers ces deux livres très instructifs, cités plus haut, pour approfondir ce sujet passionnant.

Autres liens et photos si cela vous inspire de tenter l'aventure ou d'en savoir plus :

http://matteovoyage.canalblog.com/archives/2010/07/02/18493566.html

Livre d'Ingrid BAUER, Sans couches, c’est la liberté ! A la redécouverte de l’hygiène naturelle du bébé, (éditions L’Instant Présent, 2006), 

Livre de Carine PHUNG, Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches (ou presque) ! (éditions Le Souffle d'Or, 2009).