Il était une fois... le portage bébé

Il était une fois… l’histoire du portage des enfants 

Indiscutablement, nous ne sommes pas dans une culture du contact, du « maternage proximal » (proche du corps de nos parents), mais plutôt du « maternage distal » (éloigné du corps de nos parents). Indiscutablement encore, notre société toute entière nous éloigne du corps de nos enfants : congé maternité trop court, reprise du travail rapide et séparation nette avec le milieu professionnel, "distanciation sociale" avec masques, gants, gels et autres mesures dites "sanitaires", plexiglas ou tissu plastique séparatif, peu de choix de modes de garde adaptés, familles « décomposées » ou « recomposées » de plus en plus éloignées géographiquement, sans parler des espaces déconseillés voir carrément interdits aux enfants, handicapés, personnes trop âgées, comme dans nombres de lieux publics ou privés avec par contre des lieux ou espace-temps exclusivement « réservés » aux enfants ou adolescents : écoles, camps, clubs ou colonies de vacances, mobiliers, objets, jeux, livres, musiques mieux adaptés pour eux, il paraît ! 

A la différence de cette maman Inuite ci-dessus qui conservera dès la naissance bien au chaud et peau-à-peau son petit sous un lourd manteau naturel en peau de phoque, adapté au portage bébé, jusqu'à ce que celui-ci assez grand et autonome puisse marché seul dans la neige et le froid. 

A l'inverse nous ne leur proposons, nous, encore au XXIème siècle dans nos sociétés modernes que des relations de plus en plus distanciées dans des univers très cloisonnés, souvent très éloignés et différents des nôtres d'ailleurs. Mais il ne faut pas s'y tromper ceci a été savamment pensé, par nos dirigeants et industriels associés, exprès pour nous séparer le plus tôt et jeune possible, pour mieux nous diviser, comme pour les ethnies, classes sociales en classe d'âges et ainsi mieux nous contrôler et surveiller. Pourtant paradoxalement, et de façon totalement arrogante voir même méprisante pour les autres sociétés dites moins "démocratiques" et "civilisées" que les nôtres, nous continuons d'appeler ces rares moments de rencontres collectives, pratiques éducatives et espaces communs : des lieux d'expression de liberté, d'égalité et fraternité.  La bonne blague !

C'est ainsi qu'on peut de même constater que l’histoire du portage en France, comme du "maternage proximal", est quasi nulle ! Si on remonte le cours des siècles, on n’aperçoit que quelques foulards ponctuels, quelques paniers en osier ou autres systèmes de poussettes plus ou moins sophistiqués pour l'époque. Malgré tous leurs moyens financiers, leurs ingéniosités et technicités, les pays industrialisés ont peu créer voir pas du tout même inventé de nouveaux systèmes de portage, à l’inverse de la plupart des pays traditionnels dits "en voie de développement" ou plutôt comme nous "en voie de décadence". Comme si nos outils et notre technologie, en nous éloignant toujours un peu de plus de Dame Nature nous éloignaient également volontairement du corps humain "maternant" et "paternant" comme du corps de nos petits.  

Il était ailleurs… à l’autre bout du monde

S'il n’est pas vrai de dire que « c’est toujours mieux ailleurs ! », il est quand même intéressant de constater que, dans les régions du monde où la nature est préservée, l’homme et la femme ont su conserver eux aussi un certain type de portage traditionnel. Certes, celui-ci est fort différent selon les climats et les régions du monde, en fonction des matériaux et tissus disponibles, de la culture ou de l’ethnie dominante du pays, du travail et mode de vie des habitants et surtout en fonction des nombreuses générations d’hommes et de femmes avant eux : tel le pagne africain ou foulard magrébin, la liane amérindienne ou australienne, le hamac péruvien, le manteau-capuche Inuits, le mei taï chinois ou laotien, etc.

Il existe en réalité beaucoup de variétés de porte-bébés traditionnels, souvent simples et souples comme un mince et court pagne en tissu wax coloré, parfois plus solides et épais comme une longue liane ou filet. Cependant, ils déteignent tous fortement avec la complexité et froideur de nos « sacs à dos" et à armatures et sangles en plastique ou autres porte-bébés modernes inventés plus pour "sup-porter" des enfants peu toniques que pour les aider à juste s'y lover puis s'agripper à nous avec le temps. Ce qui n'aide pas non plus à renforcer les muscles et ossatures des enfants occidentaux à l'opposé des enfants "indigènes", comme cette petite fille ci-contre qui porte son petit frère pendant que son père lui doit porter le bois pour chauffer sa famille. Effectivement comme apprentissage et renforcement musculaire !

C'est la grande différence entre les systèmes de portage dit "passifs" chez nous et ceux dit "actifs" chez eux. En réalité, plus le système sera raide et complexe au niveau des réglages et moins il sera physiologique et souple pour mieux s'adapter aux différents morphologies, poids et âges du porteur comme du/des bébé(s) porté(s). Et plus il sera figé comme un "sac à dos" et plus, à l'inverse, il rendra nos enfants mous et apathiques dans les bras, à plus ou moins court ou long terme. Alors que physiologiquement en grandissant un bébé doit s'agripper de lui-même au corps en mouvement de l'adulte portant et donc se tonifier avec le temps. 

Cependant, même si dans la plupart des pays la poussette a sérieusement détrôné le porte-bébé, comme le biberon a malheureusement aussi détrôné l’allaitement maternel, il reste encore « d’incorruptibles » mères rebelles qui ont su préserver ce mode de déplacement fort pratique, que ce soit dans les campagnes comme en ville mais plus généralement quand même là où les trottoirs et béton n’ont pas encore tout envahi. Même si on peut constater également ces dernières années qu’en Occident l'art du portage tend à revenir « à la mode » et à se démocratiser un peu partout. En tout cas, chez une certaine catégorie de parents qui cherchent d’autres alternatives à la « sur-consommation » actuel pour entamer plutôt progressivement une "dé-croissance" afin de préserver notre environnement ou simplement pour favoriser un « maternage plus proximal » et intuitif avec leur(s) enfant(s). Car on oublie aussi de rappeler que plus on a d'enfants à s'occuper et plus un ou plusieurs porte-bébés peuvent simplement nous sauver la vie au quotidien ! 

Enfin, demandons-nous : pourquoi choisir de porter trop longtemps et souvent nos enfants devant ou dans les bras à longueur de temps, et se briser les reins, plutôt que dans le dos ou hanche avec l'aide d'un porte-bébé confortable et enveloppant ?