Que faire quand on allaite durant une canicule ?

Que faire quand on allaite durant une canicule ?

Début juillet 2015, l'été s'annonce déjà torride ! Plus de 30-35°C dehors, comme dedans parfois et avec de jeunes enfants encore allaités (ou pas, ou plus), toute la difficulté alors pour les parents est de pouvoir les rafraichir, les calmer et surtout les endormir ainsi que les réhydrater régulièrement. Alors que faire alors durant ces périodes de fortes chaleurs où pleurs plus intenses, peaux et vêtements qui collent, parfois même un peu de diarrhées, vomissements, constipations, bref sueurs et "gastros" tiraillent mère et/ou enfant(s) ? 

De petites tétées courtes mais rapprochées : 

L'avantage premier de l'allaitement au sein maternel sera d'abord sa grande facilité d'accès : facile (dès qu'il sera bien mis en place), rapide (juste un léger tee-shirt à soulever), fiable (toujours potable, sans bactéries, ni métaux lourds et certainement moins de polluants chimiques que dans les divers laits industriels), toujours à bonne température (celle du corps, donc pas besoin de réchauffer si directement à la source), on peut surtout donner à un bébé comme à un bambin de grosses quantités de lait maternel avec de longues tétées pour MANGER ou de courtes tétées avec de plus petits quantités pour BOIRE ! 

Car le lait maternel reste la première et meilleure boisson du monde pour votre enfant ! Par besoin de compléments de réhydratation, tout est prévu dedans pour cela, vu sa composition à 80% d'eau et présences de nombreux glucides, lipides, sels minéraux, oligoéléments et vitamines complexes (au delà de simplement l'ADEC...). N'hésitez donc pas, lors des fortes chaleurs entre 11h et 17h, à lui reproposer plus souvent le sein, même quelques gorgées. Comme vous même et votre conjoint devez aussi penser à vous réhydrater, peu si besoin (soif), mais plus souvent.

Autres moyens de réhydrater bébé :

Mais également, déshabiller le, laisser le en couche, voir sans couche même, c'est encore mieux... ou simplement en couche lavable pour bien observer ses selles et urines (minimum 5-6 couches mouillées mais variable d'un enfant à l'autre). Donner lui au moins 1 ou 2 fois un bain ou mouillez le souvent, masser le avec de la crème ou de l'huile pour le détendre et le rafraichir, porter le souvent contre vous pour l'endormir, en peau-à-peau ou même en porte bébé souple. Car même si vous transpirez vous régularisez mieux ainsi sa température autour de 37°5 que s'il se trouve loin de vous (surtout tout petit) et cela même et surtout s'il a de la fièvre à plus 38,5°C (en plus de prévenir votre médecin, Samu ou Urgences si besoin).

Même L'OMS recommande de ne "pas donner d’eau à un nourrisson de moins de 6 mois allaité au sein, même s’il fait chaud" et même au delà de 6 mois, car n'oublions pas  les allaitement longs réussissent mieux dans les régions où il fait justement très, très chaud : "En donnant de l’eau aux nourrissons, on les expose au risque de diarrhée et de malnutrition. Il arrive que l’eau ne soit pas propre et transmette des infections à l’enfant. Cela peut aussi l’induire à boire moins de lait maternel, ou à interrompre prématurément l’allaitement, ce qui peut être une cause de malnutrition. Si les mères donnent de l’eau au lieu d’allaiter leur enfant, elles risquent d’avoir moins de lait par la suite." http://www.who.int/features/qa/breastfeeding/fr/

Le cododo et l'allaitement :

Et enfin, garder votre nourrisson contre vous pour dormir jour et nuit, surtout durant la canicule ! Car, c'est ce qui reste de plus pratique pour mieux dormir vous même, plus apaisée ainsi et rassurée auprès de lui, et enfin parce que c'est ce qui est pratiqué dans tous les pays chauds pour allaiter bébé plus facilement la nuit, en le gardant sous surveillance et en réduisant ainsi le risque de MSN (Mort Subite du Nourrisson).

Voilà pourquoi on ne peut pas totalement suivre, ni même approuver les recommandations sur le sommeil partagé (cododo) durant l'allaitement, venant des professionnels de santé, ni même de la CoFAM ou de l'UNICEF-UK. Car, même si l'idée du départ est bonne et pleine de bonnes intentions évidemment pour soit-disant "aider les parents à allaiter la nuit" et "palier aux nombreuses idées reçues et publications d'articles de professionnels de santé non avertis" sur la pratique du cododo durant l'allaitement, on ne peut jamais prendre en compte toutes les situations, ni particularités de chacun ; ce qui fausse complètement le résultat. Du coup, que ce passe-t-il en réalité ? Au lieu de faciliter l'accès du sein maternel aux bébés allaités, on finit par complètement désorientés les jeunes parents qui normalement sauraient INSTINCTIVEMENT comment mieux nourrir et hydrater leur bébé de nuit comme de jour, en leur véhiculant insidieusement des peurs et doutes, avec une montagne de conditions parfois logiques, parfois absurdes ; car en dehors du simple bon sens... et de la pratique quotidienne de l'allaitement, d'ailleurs !

La première qui pose problème est ici : "Vous pouvez pratiquer le sommeil partagé si vous et votre partenaire n’êtes pas anormalement fatigués." (celle-ci vient directement de l'UNICEF et paraît de prime abord complètement incongrue). Car, SI, avec un nouveau-né, il est facile de reconnaître que tout parent est anormalement fatigué, qu'on allaite ou pas, alors, qu'elle est la bonne "norme" au niveau fatigue pour cesser le cododo ?!

Deuxièmement : "Le bébé doit dormir du côté maternel et non du côté paternel (le cerveau de la mère imprégné des hormones de l’allaitement guette le moindre bruit, ou la moindre agitation de son bébé - le père lui dort d’un sommeil plus profond)." Alors que cela est techniquement impossible, lorsqu'on veut allaiter des DEUX seins ! Et puis, il y a aussi des pères qui ont le sommeil tellement léger que le moindre sursaut ou raclement de bébé les réveillent instantanément ! Mais effectivement, s'il n'y a "Pas d’oreiller, ni coussin d’allaitement." pour séparer les zones entre les parents et enfants alors... Surtout que pour dormir soi-même sans se briser la nuque ou le dos et allaiter un ou deux enfants ensemble ou séparément, c'est pourtant très pratique voir indispensable d'avoir autour de soi de nombreux coussins !

Celle-ci aussi est magnifique : "Votre compagnon est prévenu que l’enfant dort dans votre lit." !!! Alors, là, ça manque un peu de précision quand même ! Car si le père (ou compagnon) n'est pas au courant qu'il a un enfant parfois dans son lit, parfois non... y a un problème ! D'autant que la mère ne sait même pas elle-même 5 minutes avant si son enfant allaité restera ou pas dormir lui aussi dans le lit conjugale d'ailleurs ! Enfin, ceci est une question beaucoup trop complexe pour la résumer en 1 seule phrase...

En voilà une autre recommandation techniquement irréalisable au quotidien : 

"L’enfant ne reste jamais seul dans un grand lit." (sous entendu lit conjugale, mais dans un lit à barreaux, il peut... ?) Si le lit conjugale est sécurisé de chaque côté, en quoi cela serait-il plus dangereux que de laisser bébé faire la bascule par dessus les barreaux, comme on le voit encore trop souvent aux Urgences !? Et puis, surtout tout dépend de l'âge de l'enfant, en réalité : nouveau-né, nourrisson de 4 ou 6 mois, bambin d'1 ou 2 ans, etc. ! Souvent on l'allaite bébé, puis on se carapate discret-os dès qu'il s'est endormi... En pratique, voilà la réalité !"Il n’y a pas d’autre enfant dans le lit des parents". Donc, pour le co-allaitement nocturne du grand frère ou sœur plus ou moins jaloux, on oublie carrément ! Les jumeaux peut-être pas, non plus ? Encore une fois, tout dépend de l'âge de ou des enfant(s), de la situation familiales, etc.

"Si l’enfant dort dans une turbulette, ce qui est recommandé, pas de couette ou couverture supplémentaire." Là, cela signifie carrément qu'on favorise la turbulette à la couverture même d'emmaillotage, ce qui est un apriori occidentale totalement ridicule ! Vu que la plupart des parents dans le monde utilisent heureusement ces couvertures et non nos fichues turbulettes, avec ou sans manche, qui plaquent nos bébés bras en croix dans leur sommeil, tel un petit Jésus étiré dans les 4 directions, au lieu de le rassembler sur lui-même en boule, de réduire ainsi ses réflexes de Morot après la naissance et surtout de mieux le rassurer en position fœtal sur le dos ou sur le côté (s'il régurgite souvent par exemple). Car, il est grand temps désormais d'arrêter aussi de préconiser sans cesse telles ou telles "positions de couchages pour les nourrissons", qui occasionnent d'ailleurs encore quelques morts tous les ans... Chaque enfant étant différent, laissons plutôt les mères écouter leur ressenti !

"Il ne porte pas de bonnet." Ah ! SI ! A la naissance par exemple, ils en portent souvent dès la Maternité d'ailleurs pour mieux réchauffer ses extrémités... Et, de plus, s'il dort face à face et contre sa mère, il ne craint RIEN, encore une fois ! Par contre, seul dans son lit à l'autre bout de la maison, là, je dis pas...

"S’il est fiévreux dormir sur une surface séparée est préférable pour ne pas majorer la fièvre." Encore une fois, c'est totalement méconnaître les nombreux bénéfices du peau-à-peau que d'écrire cela ! Alors que justement un bébé fiévreux et malade DOIT dormir au plus près de ses parents, si possible jour et nuit, pour être sous surveillance 24h/24h. D'autant que la peau maternelle est naturellement la meilleure couveuse qui soit, vue qu'elle augmente ou diminue la température à volonté (cf Bébés kangourous). Par contre, si la mère a de la fièvre elle-même, dans ce cas plutôt éloigner le bébé un peu plus loin d'elle, dans son lit side-car par exemple.

Enfin, bref, il y a tellement d'idées reçues encore dans ce texte ci, que pas le temps de tout décrypter. Mais c'est assez décevant de voir régulièrement publiées des recommandations plutôt orientées "théorie réfléchies par des professionnels de santé" plutôt que d'autres plus réelles et concrètement davantage en accord avec le discours des associations de parents... Enfin, il est surtout dommage de lire ce type d'article alarmiste en pleine canicule... En tout cas, cela ne risque certainement pas d'encourager la poursuite de l'allaitement nocturne, alors qu'on risque davantage d’atteindre la nuit les 25-30°C plutôt que les 19°C !